- vairon
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• 1764; veiron mil. XIIe; de vair, adj.♦ Petit poisson physostome (cyprinidés), au corps presque cylindrique, vivant dans les eaux courantes. Friture de vairons. vairon 2. vairon [ vɛrɔ̃ ] adj. m.• XVIe; de vair, adj.♦ Yeux vairons, dont l'iris est cerclé d'un anneau blanchâtre, ou qui sont de couleurs différentes.vaironadj. m. Se dit des yeux dont l'iris est entouré d'un cercle blanchâtre ou qui ne sont pas de la même couleur.————————vaironn. m. Poisson cyprinidé comestible des eaux douces courantes d'Europe (genre Phoxinus), dépassant rarement une dizaine de centimètres de long, au dos brun-vert à reflets métalliques.I.⇒VAIRON1, adj.Gén. au masc.A. — 1. Yeux vairons. Yeux qui n'ont pas la même couleur ou dont l'iris est dépigmenté, cerclé de blanc. Un grand chien (...) dont les yeux vairons, pleins de douceur, exprimaient une détresse infinie (A. FRANCE, Hist. comique, 1903, p. 90). Il avait les yeux vairons et les cheveux différents de couleur (...), selon le profil qu'il m'offrait, roux avec un œil bleu, gris sel avec un œil obscur (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 210).Rem. 1. Vairon, dans cette expr., évoque parfois le sens anc. de « qui a une couleur indécise, variée, changeante ». Les lueurs troubles de ses yeux vairons (LORRAIN, Phocas, 1901, p. 242). Ses yeux vairons, un peu glauques (VIALAR, Brisées hautes, 1952, p. 119). 2. Vairon se rencontre plus rarement au sing. MAN.-MAN. Méd. 1980 et 1986 distinguent un sens sing.: ,,Se dit d'un œil dont l'iris est entouré d'un anneau blanchâtre`` et un sens plur.: ,,Se dit des yeux dont les iris ont des colorations différentes``. Mais cette distinction n'est pas évidente dans les textes. [Blazins] restait contemplatif devant ce trésor étalé, roulant des yeux pleins de lubricité métallique (...). L'œil vairon du Pédant brillait (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 181). [Une femme de chambre] avait l'œil vairon (...) et se délectait visiblement de son propre mystère (COLETTE, Apprent., 1936, p. 177).2. P. méton. [En parlant d'une pers. ou d'un animal] Qui a les yeux vairons. Cheval, chien vairon. Elles besognaient avec Pierre ou Paul ou Jacques, sans choisir le baudet; ah! pourvu qu'elles en eussent un, fût-il teigneux (...), bigle, vairon (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 145). Le loup suivit son cheval, je vis, en me penchant, deux disques vert et rouge, un loup vairon (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 294).B. — P. anal., peu fréq. [En parlant d'une chose par rapp. à une autre chose] Qui présente une teinte différente. Cette prunelle agrandie et cette vitre vairone [sic] juxtaposées augmentaient chez Simon la sensation d'inconfort (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 134).Prononc. et Orth.:[
], [ve-]. Homon. vairon2, véron, verrons (de voir). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Av. 1188 vairon subst. « cheval tacheté » (Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, 6909: Puis est montés el bel vairon); 1244 adj. (Testament de Baudouin III, comte de Guines ds TAILLIAR, Rec. d'actes, p. 116: et mon cheval vairon, et mon haubergh). B. 1. 1555 adj. « se dit de l'œil dont l'iris est entouré d'un anneau blanchâtre » (BELON, L'Hist. de la nature des oyseaux, III, 10, p. 166: oyseau qui eust l'œil de couleur si veronne); 1598 (A. PARÉ, Œuvres compl., éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 419: œil veron ou bigarré); 1611 (COTGR., s.v. œil : œil veron); 1690 (FUR.: œuil vairon); 2. a) 1611 « se dit des yeux lorsqu'ils sont de couleurs différentes » (COTGR., s.v. œil: œil veron); b) 1650 « se dit du cheval qui a les yeux vairons » (MÉN., p. 644: veron, qui se dit proprement d'un cheval qui a un œil d'une façon, et un autre de l'autre); 1690 (FUR.: cheval vairon). Dér. de vair; suff. -on1.
II.⇒VAIRON2, subst. masc.ICHTYOL. Petit poisson, de la famille des Cyprinidés, au corps allongé, presque cylindrique, gris brun et vert olivâtre, marqué sur le dos et les flancs de lignes, de taches foncées, commun dans les eaux courantes de l'hémisphère nord, utilisé surtout comme appât pour la pêche à la truite. Synon. région. gendarme (v. ce mot B 2 c). Des vairons, verts et tigrés de noir, des épinoches (...), négligeable fretin, vermine d'eau douce (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 19). Le vairon (...) est charmant: le corps en fuseau bariolé de gris olivâtre sur le dos, d'un gris plombé brillant au ventre, les flancs pointillés, bigarrés, zébrés de sombre. À l'époque du frai, (...) le dos prend une teinte bleu d'acier, le ventre devient pourpre, parfois jaune d'or (J. TAILLEMAGRE, Pleine terre, 1978, p. 281).
— Empl. adj., rare. Les petits vairons voyageaient par bandes nombreuses; par moments, ils remontaient vers la surface (...). Madeleine pensait: (...) Je voudrais savoir où est la mère vaironne et si elle s'occupe de ses petits (PÉROCHON, Nêne, 1960 [1920], p. 149).REM. Véron, subst. masc., var., vieilli. Pêcher des vérons. La carafe trouée par un bout que les gamins plongent dans l'eau pour prendre les vérons (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 293). P. métaph. Les criailleries indispensables des envieux, des sots, des prud'hommes et autres menus vérons du journalisme (RICHEPIN, Morts biz., 1876, p. 23).Prononc. et Orth.:[], [ve-]. Homon. vairon1, véron, verrons (de voir). Att. ds Ac. dep. 1798. Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p. 223: véron. Étymol. et Hist. 1176 veiron (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 3810); ca 1280 vairon (Bataille de carême et de charnage, éd. G. Lozinski, 301 [var. ms. XIIIe s.: verons]) graphie rare av. le XVIIIe s. 1764 (VALM.). Prob. d'un lat. pop. vario, dér. de varius (vair), cf. BARBIER ds R. Lang. rom. t. 54, pp. 188-189.
STAT. — Vairon1 et 2. Fréq. abs. littér.:29.DÉR. Vaironner, verbe intrans. a) Pêche. Pêcher la truite en utilisant un vairon comme appât. Appât léger et très fragile, le vairon mort doit être utilisé sur un Nylon relativement fin (...). Lancé en travers de la rivière (...), puis retenu dans le courant, le vairon travaille de lui-même à la façon d'une cuiller ondulante. C'est la tactique de la (...) pêche « à vaironner ». (...) la truite n'a pas le temps de tergiverser (J. NADAUD, La Pêche, 1955, p. 365). b) [Le suj. désigne la truite] Pourchasser les vairons pour s'en nourrir. (Dict. XXe s.). — [], [ve-], (il) vaironne [-
], [ve-]. — 1res attest. a) 1955 « pêcher la truite à l'aide d'un vairon mort » (J. NADAUD, loc. cit.), b) 1964 « pourchasser les vairons pour s'en nourrir » (Lar. encyclop.), c) 1967 leurre vaironné (La Pêche et les poissons, n° 261, janv., p. 8 ds ROB. Suppl. 1970); de vairon2, dés. -er, suff. -é.
BBG. — JUD (J.). Les Noms des poissons du Lac Léman. B. du gloss. des patois de la Suisse Romande. 1912, t. 11, p. 12, 14. — MÖHREN (Fr.). Le Renforcement affectif de la nég. par l'expr. d'une valeur minimale en anc. fr. Tübingen, 1980, p. 232.1. vairon [vɛʀɔ̃] n. m.ÉTYM. 1764; verron, 1530; veron, v. 1280; veiron, v. 1165; de l'anc. adj. vair. → Vair.❖♦ Petit poisson physostome (Cyprinidés), au corps presque cylindrique, vivant dans les eaux courantes. || Le vairon est aussi appelé gendarme, grisette, verdelet. || Friture de vairons.0 (…) un rire qui n'était plus celui, intermittent et presque automatique, de l'enfance, détente spasmodique qui autrefois faisait à tous moments faire un plongeon à ces têtes, comme les blocs de vairons dans la Vivonne se dispersaient et disparaissaient pour se reformer un instant après (…)Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Folio, p. 479 (1918).➪ tableau Noms de poissons.❖DÉR. Vaironné, vaironner.HOM. 2. Vairon. Formes du v. voir.————————2. vairon [vɛʀɔ̃] adj. m.ÉTYM. 1690; veron, v. 1560; n. m. « cheval tacheté », v. 1170; de l'anc. adj. vair. → Vair.❖♦ Yeux vairons, dont l'iris est cerclé d'un anneau blanchâtre, ou qui sont de couleurs différentes.1 (…) deux petits yeux vairons recouverts de sourcils très épais et bizarrement noirs (…)Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, II.♦ Littér. (Par anal. avec l'œil). || Vairon, vaironne.2 L'autre œil brillait sombrement derrière une lentille grossissante. Cette prunelle agrandie et cette vitre vaironne juxtaposées (…)M. Druon, les Grandes Familles, III, III, p. 114.❖HOM. 1. Vairon. Formes du v. voir.
Encyclopédie Universelle. 2012.